Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/240

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chambre. Je voulus résister ; mais le mal de mer, qui s’était emparé de toutes mes forces, paralysa ma volonté. On me mena dans ma cabane je m’y couchai et, par bonheur, le mal de mer fut si fort, que bientôt il ne me resta plus une seule idée.

Je passai une nuit affreuse. À l’approche du matin, mes souffrances se calmèrent un peu : je m’endormis, et ne me réveillai que vers deux heures de l’après-midi. Le capitaine et le docteur m’importunèrent alors de leurs pressantes sollicitations pour m’engager à prendre quelque chose. À la fin, impatientée, je consentis, pour me débarrasser de leurs prières réitérées, à manger un peu de soupe, j’y ajoutai une tasse de café à l’eau ; je me trouvai effectivement mieux après ce léger repas. Je me levai et montai sur le pont. Mon premier mouvement fut de tourner les yeux dans la direction de Valparaiso. Mais, hélas ! il n’y avait plus rien…, rien que le ciel et l’eau. Je me sentis oppressée, et un soupir s’échappa de ma poitrine. Je m’assis sur le banc destiné aux passagers ; mon état de faiblesse me dispensait de parler et, n’y étant nullement disposée, je me mis à observer attentivement mes nouveaux compagnons de voyage.