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Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/257

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vous en fasse découvrir les détails !… Votre âme sensible au souvenir d’un frère qui vous aimait comme son fils, souffrirait trop en mesurant la distance qui existe entre mon sort et celui qu’aurait dû avoir la fille de Mariano…, de ce frère qui, frappé comme d’un coup de foudre par une mort subite et prématurée (une apoplexie foudroyante), n’a pu dire que ces mots « Ma fille…, Pio vous reste… » Malheureuse enfant !…

« Cependant ne croyez pas Monsieur, que, quel que soit le résultat de ma lettre auprès de vous, les manes de mon père puissent s’offenser de mes murmures, sa mémoire me sera toujours chère et sacrée.

« J’attends de vous justice et bonté. Je me confie à vous dans l’espoir d’un meilleur avenir. Je vous demande votre protection et vous prie de m’aimer comme la fille de votre frère Mariano a quelque droit de le réclamer.


« Je suis votre très humble
et très obéissante servante,


« FLORA DE TRISTAN. »


Après la lecture de cette lettre, on peut juger de ma sincérité, lorsque j’ai dépeint mon ignorance entière du monde, ma croyance à la probité, cette crédule confiance de la bonne foi, qui suppose les autres bons et justes comme on l’est soi-même ; crédule confiance dont mon oncle, celui qui avait fait profession de tant d’amour