Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/261

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madame votre mère, ni le prince Masserano ni aucune autre autorité n’auraient pu mettre les scellés sur les biens d’une personne décédée qui laissait une descendance légitime connue et née dans le pays. Convenons donc que vous n’êtes que la fille naturelle de mon frère, ce qui n’est pas une raison pour que vous soyez moins digne de ma considération et de ma tendre affection. Je vous donne très volontiers le titre de ma nièce chérie et j’y ajouterai même celui de ma fille ; car rien de ce qui était l’objet de l’amour de mon frère ne peut qu’être pour moi extrêmement intéressant ; ni le temps ni sa mort ne sauraient effacer en moi le tendre attachement que je lui portais et que je conserverai pour lui toute ma vie.

« Notre respectable mère existe encore et compte déjà quatre-vingt-neuf ans. Elle conserve toute sa raison et toutes ses facultés physiques et morales et fait le délice de toute sa famille parmi laquelle elle a eu la bonté de partager actuellement ses biens pour avoir le plaisir de l’en voir jouir avant sa mort. Nous nous trouvions sérieusement occupés de ce partage, lorsque votre lettre m’est parvenue. Je la lui ai lue ; et instruite de votre existence et de votre sort, à la prière de la famille elle vous fait et laisse un legs important de 3,000 piastres fortes en argent comptant, que je vous prie de regarder comme une preuve de mon intérêt particulier pour vous, de l’inépuisable amour de notre mère envers son fils Mariano et du souvenir ineffaçable de tous les membres de la famille.

« En attendant, comme vous avez un droit équivoque aux biens de feu mon frère, que j’ai gérés en vertu des pleins-pouvoirs qu’il me donna le 20 novembre 1801, par-