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Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/263

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valeur, de mon attachement pour vous, et le temps, si je vis et que nous nous réunissions, vous prouvera combien j’aime la fille de mon frère Mariano.

« Écrivez-moi toutes les fois que vous le pourrez, en adressant vos lettres à M. Bertera de Bordeaux, par le canal duquel je vous écrirai également moi-même. Dites-moi quel est le lieu de votre résidence, parlez-moi de votre état, des projets que vous formez, des besoins que vous pouvez avoir, avec toute la confiance que doit vous inspirer ma sincérité. Je vous écris en espagnol parce que j’ai tout à fait oublié le français.

« Je suis marié à une de mes nièces nommée Joaquina Florez et nous avons un enfant appelé Florentino et trois filles de huit, cinq et trois ans. Plaise à Dieu qu’ils puissent vous embrasser un jour, et que vous soyez à même de leur prodiguer vos caresses dans ce pays-là.

« En attendant ce plaisir, recevez l’assurance de toute mon affection.


« Signé PIO DE TRISTAN. »


Quand je reçus cette réponse, malgré la bonne opinion que j’avais des hommes, je compris, que je ne devais rien espérer de mon oncle ; mais il me restait encore ma bonne maman et tout mon espoir se tourna vers elle. Il paraît que mon oncle m’avait trompée en m’écrivant avoir lu ma lettre à ma bonne maman et à toute la famille ; car presque aucun des membres ne connaissait mon existence avant que je ne pa-