reusement que don Balthazar s’y opposa ; car, sans nul doute, je serais morte s’il avait laissé faire ce nouveau Sangrado. On me coucha sur mon cheval, et je serais tentée de croire qu’une main invisible me soutenait : marchant ainsi à la grâce de Dieu, je ne tombai pas une seule fois. Enfin, le soleil disparut derrière les hauts volcans, et peu à peu la fraîcheur du soir me ranima. Don Balthazar, pour exciter mon courage, employa un moyen fort usité en pareille circonstance, lequel consiste à tromper le voyageur sur la distance qui le sépare du tambo[1]. Il me disait que nous n’en étions qu’à trois lieues. — Consolez-vous, chère demoiselle, bientôt vous allez voir luire la lumière du phare suspendu à la porte de cette belle auberge. Le rusé Balthazar savait bien que nous en étions encore à plus de six lieues ; il comptait sur la première étoile qui paraîtrait au-dessus des Cordillières pour donner de la vraisemblance à sa supercherie ; mais la nuit devint tout à fait sombre, et notre inquiétude fut alors bien grande. Il n’y a pas de chemin tracé à travers le désert, et n’ayant pas, dans l’obscurité, les étoiles pour nous guider, nous courions le risque de
- ↑ Tambo, espèce de cabaret : celui-ci se trouve à moitié route.