Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/329

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elles sortent pour rendre à leur tour les visites qu’elles ont reçues. Ma cousine Carmen, qui est stricte pour les régies de l’étiquette, m’en instruisit avec exactitude, croyant que j’y attachais la même importance, et que, sans rien omettre, j’allais m’y conformer ; mais, dans cette circonstance, le joug de la coutume me parut trop lourd ; je pris sur moi de m’en affranchir. Ma cousine, qui n’aimait pas plus que moi à recevoir des visites, applaudit à la façon leste dont je m’en dispensais, quoiqu’elle n’eût pas été capable d’une semblable hardiesse. Avant de poursuivre mon récit, il est nécessaire que je fasse connaître au lecteur ma cousine dona Carmen.

C’est à regret que je me vois forcée, pour être fidèle à la vérité, de dire que ma pauvre cousine Carmen Pierola de Florez est d’une laideur qui va jusqu’à la difformité. Victime de la petite-vérole, cette affreuse maladie a exercé sur elle ses plus cruels ravages. Elle pouvait avoir alors de trente-huit à quarante ans.

Mais Dieu n’a pas voulu que ses créatures les plus mal partagées fussent entièrement privées de charme. Ma cousine Carmen a le plus joli pied, non seulement d’Aréquipa, mais peut-être