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Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/362

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Et moi je ne pouvais respirer. Une chaîne de fer me serrait la poitrine. Je pressais sa tête contre moi, mais ne pouvais trouver une parole à lui dire.

Nous restâmes longtemps ainsi fascinés l’un par l’autre, en muette contemplation, Chabrié, le premier, rompit le silence, ce fut pour me dire : — Et vous, Flora, vous ne pleurez pas !…

Cette question me fit sentir que Chabrié ne pourrait jamais comprendre l’étendue de mes sentiments. Mon silence, mon expression prouvaient mon amour bien plus éloquemment que mes larmes… Son ame m’aimait autant qu’elle pouvait m’aimer ; mais, hélas ! elle était loin de la mienne. Je soupirai douloureusement et pensai avec amertume qu’il ne m’avait pas été réservé de rencontrer sur la terre une affection en sympathie avec celle que je sentais pouvoir donner en échange.

Nous ne restâmes pas longtemps à causer : M. Viollier vint chercher Chabrié, qui habita chez M. Le Bris pendant les six jours qu’il fut à Aréquipa. Tous les deux se retirèrent ; ils étaient excédés de fatigue ; ayant fait le voyage à toute bride. M. Miota et Fernando, qui n’avaient pu les suivre, étaient restés à Congata.