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Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/370

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moment qu’il allait se porter à quelque voie de fait contre moi.

Enfin il se retira, et moi je tombai épuisée ; ce fut la dernière fois que je le vis. Voici les derniers mots qu’il m’adressa : — « Je vous hais autant que je vous ai aimée ! ».

Il était devenu tellement urgent de faire cesser les poursuites de Chabrié, de mettre un terme à son amour, qu’à défaut de tout autre, je lui fis mon étrange proposition sans trop envisager ce qu’elle avait d’invraisemblable pour pouvoir espérer que Chabrié la prît au sérieux. Comment put-il me croire, ai-je pensé depuis, dépourvue de sens au point de songer tout de bon à faire régulariser le mariage de ma mère, au moyen d’un acte fabriqué en Californie. Si j’avais été capable d’avoir recours au faux, n’était-ce pas en Europe et non à Aréquipa que j’en aurais accueilli l’idée ? L’exécution n’en était-elle pas de toute impossibilité ? Où trouver, sur la côte de Californie, un prêtre qui eût été attaché, en cette qualité, à une église des villes de la frontière espagnole, qu’avait habitées ma mère avant son mariage ? Comment remplacer les formalités de législation, de timbre, etc., etc. ? En Espagne seulement, eût pu