Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/371

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se rencontrer quelque chance de réussir dans un pareil dessein. Si Chabrié avait eu assez de sang-froid pour y réfléchir seulement dix minutes, il se serait aisément convaincu que ce n’était de ma part qu’un subterfuge, un prétexte pour rompre ; mais il était si violemment agité, que la raison n’eut aucun accès chez lui. Ma proposition blessait profondément son amour-propre, aussi allait-il me répétant : – « Vous me mettez des conditions ! à moi, Chabrié ! qui n’en ai jamais subi de personne ; vous voulez faire de moi un instrument au service de votre ambition ! Lorsque je veux vous épouser sans rien ; après tant de preuves de mon entier dévouement, vous ne m’aimez que par intérêt !… » La pensée d’avoir été ma dupe, comme cela lui était arrivé de plusieurs autres femmes, le rendit fou ; la jalousie, l’orgueil le dominèrent, et la violence de sa douleur l’emporta ; c’est ainsi que, lorsque nous agissons sous l’influence d’une passion quelconque, nous sommes exposés à devenir dupes, non seulement des autres, mais encore de nous-mêmes.

Il partit le lendemain pour Islay. Avant de quitter Aréquipa, il m’envoya la lettre suivante :