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Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/418

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qui subsistent encore, comme les cachots de l’Inquisition, pour indiquer le point d’où l’on est parti. Les costumes des classes élevées ne diffèrent en rien de ceux d’Europe ; hommes et femmes y sont habillés de même qu’à Paris ; les dames en suivent les modes avec une exactitude scrupuleuse, sauf qu’elles vont nu-tête, et qu’à l’église l’usage veut toujours qu’elles aillent en noir, avec la mantille, dans toute la sévérité du costume espagnol. Les danses françaises se substituent au fandango, boléro, et aux danses du pays que la décence réprouve. Les partitions de nos opéras se chantent dans les salons ; enfin, on en est venu jusqu’à lire des romans : encore quelque temps, et ils n’iront à la messe que lorsqu’on leur y fera entendre de la bonne musique. Les gens aisés passent leur temps à fumer, lire les journaux et jouer au pharaon. Les hommes se ruinent au jeu, les femmes en toilette.

Les Aréquipéniens ont, en général, beaucoup d’esprit naturel, une grande facilité d’élocution, une mémoire heureuse, un caractère gai, les manières nobles ; ils sont faciles à vivre et essentiellement propres aux intrigues. Les femmes d’Aréquipa, ainsi que celles de Lima,