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Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/419

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m’ont paru bien supérieures aux hommes ; elles ne sont pas aussi jolies que les Liméniennes, ont d’autres habitudes et leur caractère diffère aussi. Leur maintien, digne et fier, impose ; il pourrait, à la première vue, les faire supposer froides, dédaigneuses ; mais, quand on les connaît, la finesse de leur esprit, la délicatesse de leurs sentiments, enchâssées dans cet extérieur grave, en reçoivent un nouveau prix et impressionnent plus vivement. Elles sont sédentaires, laborieuses, ne ressemblant nullement aux Liméniennes, que l’intrigue ou le plaisir attirent constamment hors de chez elles. Les dames d’Aréquipa font leurs chiffons elles-mêmes, et cela avec une perfection qui surprendrait nos marchandes de modes. Elles dansent avec grâce et décence, aiment beaucoup la musique et la cultivent avec succès ; j’en connais quatre ou cinq dont les voix fraîches, mélodieuses, seraient admirées dans les salons de Paris.

Le climat d’Aréquipa n’est pas sain ; les dyssenteries, les maux de tête, les affections nerveuses et surtout les rhumes y sont très fréquents. Les habitants ont aussi la manie de se croire toujours malades ; c’est le prétexte qu’ils donnent à leurs voyages perpétuels ; l’activité