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Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/427

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leur utilité. J’en ai vu quelquefois trente ou quarante intercepter le passage dans une des rues les plus fréquentées de la ville ; les passants arrivés près d’eux les regardaient avec timidité et rebroussaient chemin. Un jour il en entra une vingtaine dans la cour de notre maison, ils y restèrent six heures : l’Indien se désespérait : nos esclaves ne pouvaient plus faire leur service : n’importe, on supporta l’incommodité que ces animaux, causaient, sans que personne songeât seulement à leur adresser un regard de travers. Enfin les enfants mêmes, eux qui ne respectent rien, n’osent toucher les llamas. Quand les Indiens veulent les charger, deux d’entre eux s’approchent de l’animal, le caressent et lui cachent la tête, afin qu’il ne voie pas qu’on lui met un fardeau sur le dos ; s’il s’en apercevait, il tomberait mort ; il faut en agir de même pour le décharger. Si le fardeau excédait une certaine pesanteur, l’animal se jetterait immédiatement à terre et mourrait. Ces animaux sont d’une grande sobriété : une poignée de maïs suffit pour les faire vivre trois ou quatre jours. Ils sont néanmoins très forts, gravissent les montagnes avec beaucoup d’agilité, supportent le froid, la neige et toute espèce de fatigues. Ils vivent