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Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/434

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mandaient dans leur naïveté : — Que vous dit donc ce charmant vicomte ? vous parle-t-il d’amour ?… — Non, mesdames, M. de Sartiges ne me parle pas d’amour, ce qui me fait attacher beaucoup plus de prix à ses fréquentes visites.

M. de Sartiges ne vivait en apparence que pour de frivoles jouissances ; cependant il recherchait l’instruction partout où il espérait la rencontrer. Il mettait bien ses plaisirs en première ligne ; mais, chemin faisant, il recueillait çà et là des renseignements sur les pays qu’il parcourait. Il prenait beaucoup de notes, questionnait les personnes capables, et donnait à l’examen des choses une attention assez soutenue. M. Viollier ne revenait pas de son étonnement ; il ne pouvait concevoir comment ce petit être s’exposait volontairement aux plus rudes fatigues, les supportait avec courage et bravait toute espèce de danger, uniquement pour satisfaire sa fantaisie de voir du pays. M. Viollier ne put jamais s’expliquer non plus comment cette vie errante, pénible, n’avait changé en rien, ni même modifié le caractère, les goûts et les habitudes du vicomte. M. de Sartiges trouvait charmant de coucher en plein air, par terre, sur un sac, au milieu d’une pampa ;