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Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/433

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tenir aucun compte de la fragilité de sa chétive enveloppe, il s’était exposé, avec sa faible poitrine, à l’affreux hiver des mers polaires. Arrivé à Valparaiso, avec une toux sèche et dans un état d’extrême maigreur, il s’était néanmoins livré aux plaisirs et, après être resté quelque temps au Chili à mener la vie des marins à terre, lassé des belles Chiliennes, il avait voulu connaître les Péruviennes. Cet enfant-vieillard ressemble beaucoup au colibri, qui voltige successivement à l’extrémité de toutes les branches d’un arbre sans se poser sur aucune, ou, comme diraient les fouriéristes, la papillonne[1] est sa dominante.

M. de Sartiges fit fureur parmi les dames d’Aréquipa ; c’était à qui d’entre les plus jolies aurait une mèche de ses blonds cheveux. Quand il passait dans la rue, on se mettait sur la porte pour voir le joli Français aux cheveux blonds[2]. Les plus jolies femmes de ma société enviaient mon bonheur de pouvoir parler avec le vicomte : quelques unes d’entre elles me de-

  1. Le système passionnel de M. Fourier est trop connu pour que je sois obligé de dire à laquelle de nos passions il donne le nom de papillonne.
  2. Au Pérou, les cheveux blonds et les yeux bleus sont les deux genres de beauté les plus estimés.