Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/439

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resta au service de l’Allemagne : il y avait un très beau grade, de bons appointements, et aurait pu mener joyeuse vie dans toutes les garnisons ; mais son activité guerrière ne pouvait s’accommoder du repos ; il lui fallait l’occasion d’exercer son art, le jeu des batailles, les fortes émotions que font naître les chances de succès et de revers, la joie du triomphe ou l’enseignement de la défaite. Pendant trois ans il attendit les querelles des rois, accueillant jusqu’aux plus faibles rumeurs qui pouvaient faire présager la guerre, bien décidé à y prendre part et à se rallier au drapeau que paraîtrait devoir favoriser la fortune ; mais voyant que les efforts des journalistes pour provoquer des reprises d’hostilité étaient vains, que les chefs des peuples, moins par modération que par impuissance, persistaient à rester en paix et que, pour longtemps encore, la jeunesse en Europe se trouvait condamnée à végéter auprès de ses foyers, Althaus se décida à quitter un pays sur lequel, disait-il, la malédiction de Dieu semblait être tombée. Il donna sa démission, quitta sa famille, dont il était tendrement aimé, et en véritable aventurier vint au Pérou chercher les chances des combats.