Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/443

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ches, études et travaux de toute nature, une patience extrême. Il possède une rare intelligence, des connaissances profondes et presque universelles. Son esprit est sardonique à l’excès ; la franchise, la bizarrerie de ses expressions, dépassent tout ce qu’on pourrait en dire. Il se rit de tout, voit toujours le côté plaisant, et saisit le ridicule des choses et des personnes avec tant de justesse, le manifeste avec tant de liberté, que les plus braves en frémissent. Althaus n’est pas aimé : il est trop sévère dans l’exercice de ses devoirs et a froissé trop d’amours-propres. On le redoute tellement que souvent on se détourne de son chemin pour éviter sa rencontre. Althaus avait alors quarante-huit ans : son physique est tout allemand, blond, gras et fort ; c’est un homme carré, infatigable, ponctuel à tous ses devoirs et d’une grande loyauté dans toutes ses relations.

Althaus évitait avec soin de me parler du motif de mon voyage, s’en reposant à cet égard sur don Pio, qui, par suite d’une longue habitude, traitait toutes les affaires de la famille. Mon oncle avait administré pendant quarante ans, la fortune de ma grand’mère, et, lors de la reddition de ses comptes et de partage