quand il parle, je ne crois pas qu’il soit possible d’entendre un son de voix plus enroué, plus rauque, plus discordant ; mais que cette même voix chante un passage de Rossini, un des morceaux de Nourrit, une tyrolienne ou une jolie romance sentimentale, oh ! alors, on se sent enlevé jusqu’aux cieux. Sa voix, pure et fraîche, son accent d’ame et d’harmonie retentit au fond de votre cœur : vous ressentez des frémissements et éprouvez une suave émotion. Le capitaine Chabrié a manqué sa vocation, comme tant d’autres, dans notre société à rebours, il était fait pour chanter à l’Opéra ; son admirable voix de ténor aurait ravi trois mille spectateurs, et, durant six heures de suite, les eût tenus dans un état de douce béatitude, ainsi que le fait notre célèbre Nourrit. Pour compléter le portrait, j’ajouterai que le capitaine Chabrié est très recherché dans sa mise, il en est même coquet. Extrêmement frileux depuis qu’il a senti les premières atteintes d’une douleur rhumatismale à la jambe, il prend de sa santé les soins les plus minutieux, se couvrant, pour se garantir du froid ou de l’humidité, de toutes sortes de vêtements qu’il entasse les uns sur les autres de la manière la plus grotesque.
Le second, M. Briet (Louis), né aussi à Lo-