Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/75

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appartenait à don Miguel, son illustre maître ; et, en prononçant ce nom, le burlesque individu ôtait son chapeau. Il parla beaucoup de politique, essayant de nous faire causer sur ce sujet. Il accepta notre eau de vie et nos biscuits, me fit de pompeux compliments en portugais, et, après être resté très longtemps à notre bord à faire plutôt le métier d’espion qu’à remplir les devoirs de sa charge, il se remit dans son canot, où il prit l’attitude altière d’un capitan-pacha sortant d’Alexandrie avec toute sa flotte.

Pendant que ce petit Portugais nous parlait des hauts-faits de son illustre maître, vinrent à notre bord deux autres personnages non moins remarquables soit par leur toilette ou leurs manières. L’un était capitaine d’un brick américain ; l’autre commandait une petite goêlette de Sierra-Leone. Ce dernier était Italien ; et en montant à bord, il nous dit qu’il était marié à une Parisienne de la rue Saint-Denis. Le brave capitaine Brandisco (c’était son nom) citait le nom de cette rue avec autant d’emphase que, du temps de César, en eût mis un patricien en disant qu’il demeurait sur la place du Capitole.

Notre capitaine, le second, et M. David ju-