Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/76

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gèrent convenable de descendre à terre en même temps que le capitaine de port, afin d’aller chez le gouverneur faire mettre en règle les papiers de bord et de se procurer au plus tôt des ouvriers capables d’aider notre charpentier dans les réparations à faire au navire.

Puisque je me suis promis de dire toute la vérité, j’avouerai le mouvement d’orgueil que je ressentis en comparant notre canot et les hommes qui le montaient aux trois autres misérables petits canots montés par des nègres ou de pauvres matelots américains ! Quelle immense différence ! Comme il était joli et coquet, notre canot ! comme ils avaient bonne mine nos marins ! M. Briet tenait la barre : la noblesse de son maintien représentait dignement la marine française, et notre capitaine, avec ses bottes bien cirées, son pantalon de coutil blanc, son habit bleu foncé, sa cravate de pou-de-soie noir, son beau chapeau en paille orné d’un velours noir passé dans une petite boucle, représentait aussi fidèlement le marin commerçant. Quant à l’aimable M. David, c’était le fashionable dans toute sa pureté. Il avait des bottes en daim gris, un pantalon en coutil gris formant la guêtre, une petite veste en drap