visitions le moulin à chocolat, situé à côté de celui à farine. Je retrouvais là avec plaisir les progrès de la civilisation : on y voit moudre le cacao, écraser le sucre et mélanger le tout pour en former le chocolat. La machine a été importée d’Angleterre ; elle est très belle et mue par la force de l’eau. Le maître de cet établissement me témoignait beaucoup de considération ; elle m’était acquise par l’intérêt que je mettais à le questionner sur sa machine et l’attention que je prêtais aux explications qu’il m’en donnait. Je sortais toujours de chez lui avec une petite provision de très bon cacao et un charmant bouquet que je tenais de sa galanterie.
Lorsque la rivière était assez basse pour que nous pussions la traverser, en sautant de pierre en pierre ou en nous faisant porter par nos négresses, nous passions de l’autre côté, afin de gravir la colline au pied de laquelle coule la rivière, et qui domine tout le vallon d’Aréquipa ; parvenues au sommet, nous nous arrêtions. Assise auprès de Carmen, et, selon l’usage du pays, les jambes croisées comme les Orientaux, je trouvais un charme ineffable à rester ainsi pendant des heures entières, plongée dans une