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que je voulais repartir pour la France ; mais que, désirant connaître la capitale du Pérou, j’irais m’embarquer à Lima.

Cette nouvelle surprit tout le monde : mon oncle en parut vivement affecté ; il me fit de vives instances pour me détourner de ce dessein, sans cependant m’offrir une position plus indépendante que celle dont je jouissais chez lui. Althaus en fut véritablement peiné ; sa femme s’en désespérait ; les deux personnes de la famille qui en éprouvèrent les plus vifs regrets furent Emmanuel et Carmen.

La chère Carmen me répétait souvent, avec une tristesse qui n’était pas feinte : « Personne ici, Florita, ne souffrira plus vivement que moi de votre absence. Don Pio est absorbé par les affaires politiques ; Althaus, quoiqu’il vous aime beaucoup, sera distrait par ses nombreuses occupations ; Manuela par ses relations de société et sa toilette ; Emmanuel par les plaisirs de son âge ; mais moi, Florita, qui vis retirée, méconnue de ceux-mêmes au milieu desquels le destin m’a placée, qui pourra me dédommager des consolations de votre douce et haute philosophie ? qui pourra me donner ces moments de gaîté que je devais à l’originalité