Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, II.djvu/123

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thaus ou Emmanuel, qui était devenu officier. Le général me recevait toujours très bien, mais le moine semblait deviner ma pensée et le mépris qu’il m’inspirait ; dès qu’il me voyait, sa physionomie, naturellement fausse, haineuse, effrontée, prenait une expression toute particulière   : il me paraissait évident qu’il devinait l’antipathie que je ressentais pour lui. Baldivia me saluait avec une froide politesse, écoutait avec attention tout ce que je disais sans avoir l’air de s’en occuper, et ne se mêlait jamais à la conversation. Je savais, par Emmanuel, qu’on n’aimait pas du tout mes visites, et que mes parties de rire avec Althaus déplaisaient fort à ces messieurs ; mais comment n’aurais-je pas ri en voyant des officiers aussi absurdement ridicules ! Nieto, n’ayant à camper que 1,800 hommes (les chacareros et les Immortels ne faisaient pas partie du camp), avait pris plus de terrain qu’il n’en aurait fallu à un général européen pour une armée de 50,000 hommes. Sur un monticule, à gauche de la maison de Menao, était construite une redoute qu’on avait armée de cinq petits canons de montagne ; c’était la première fois de ma vie que j’en voyais, ils me faisaient l’effet de