d’un nombreux entourage d’officiers. Le général aimait à se montrer, suivi d’un brillant état-major : de la ville au camp, du camp à la ville, c’étaient des allées et venues continuelles, et nous trouvions fort amusante la comédie que nous donnait chaque jour l’héroïque cavalcade. Le général, monté sur un beau cheval noir, prenait les airs d’un Murat, tant il était recherché et somptueux dans la variété de ses costumes ; Baldivia, très souvent en habit de moine, toujours sur un cheval blanc, figurait le Lafayette péruvien, et la foule des officiers, couverts d’or, chargés de panaches, n’était pas moins ridicule.
Grâce à Althaus et à l’obligeance du général, je pouvais disposer d’un cheval quand je voulais aller voir le camp : les bourgeois n’avaient plus de chevaux, ils s’étaient vus contraints de donner les leurs, ou de les cacher pour les soustraire aux réquisitions. Mon oncle seul avait conservé sa jument chilienne, parce qu’elle était si fougueuse, que nul officier ne se souciait de la monter, et qu’au milieu d’un corps de cavalerie elle eût occasionné des accidents. La visite du camp était pour moi une promenade favorite : j’y allais alternativement avec mon oncle, Al-