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en Germanie ; cependant j’ai rencontré un Anglais et un Russe qui eussent pu rendre la dame au plus fameux des joueurs allemands ; mais jamais je n’ai rencontré d’autres adversaires, même en France, qui valussent la peine qu’on se préparât avant l’heure de l’assaut.

Dans les derniers jours de mars, on apprit de Lima que le président Orbegoso se disposait à venir prendre le commandement de l’armée du département d’Aréquipa. À cette nouvelle, Nieto se désespéra : le président, disait-il, venait lui enlever la gloire qu’il était sûr d’obtenir en se mesurant avec San-Roman. Le présomptueux général ne pouvait songer à se révolter, il n’avait pas assez d’influence pour se poser comme chef de parti et agir pour son compte ; cependant, voulant prévenir ce qu’il considérait comme un affront, il eut recours à un moyen qui allait à la portée de son esprit. Il fit écrire, en secret, une lettre confidentielle à je ne sais qui, et prit ses mesures pour qu’elle tombât dans les mains de San-Roman. On disait, dans cette lettre, que l’armée de Nieto était dans le plus misérable état, sans armes, sans munitions et tout à fait incapable de se défendre. Après le départ de sa missive, le général espé-