Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, II.djvu/131

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bileté ; je doute que cette passion put avoir prise sur des hommes d’un mérite réel.

— Florita, si vous parlez des misérables jeux de cartes, je suis de votre opinion ; mais il existe un jeu savant, auquel les plus hautes intelligences peuvent s’exercer : ce sont les échecs[1] ; si ces coquins-là employaient leur temps à y jouer, je leur pardonnerais le gaspillage de l’argent enlevé aux propriétaires, et je soutiendrais même, contre vous, belle cousine, qu’ils feraient plus de progrès en jouant chaque jour aux échecs, que ne leur en feront jamais faire les balivernes que le moine leur débite en latin et en espagnol, ou les ridicules revues du général.

— Mais, cousin, soyez donc conséquent avec vous-même ; puisque vous prétendez que pas un de ces officiers n’est capable de comprendre la plus simple démonstration mathématique, comment pourraient-ils passer, comme vous, trois heures à résoudre une difficulté du jeu d’échecs ?

— Vous avez raison ; pour être propre aux savantes combinaisons de ce jeu, il faut être né

  1. Althaus est un des plus forts joueurs d’échecs que l’on puisse citer.