Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, II.djvu/14

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elle les aime tous ; les spectacles, bals, soirées, promenades, visites sont ses plus chères occupations, et toutefois ne suffisent pas à son activité. Elle trouve le temps de s’intéresser à la politique, de lire tous les journaux, d’être parfaitement au courant de toutes les affaires de son pays et de celles d’Europe ; elle a même appris le français pour pouvoir lire les journaux publiés en France ; de plus, elle entretient une correspondance suivie et volumineuse avec son mari, qui est presque toujours absent, et avec beaucoup d’autres personnes ; elle écrit très bien et avec une facilité surprenante. Elle réunit à tous ces avantages des qualités du cœur ; elle est très généreuse et d’une sensibilité qu’on rencontre rarement chez les Péruviennes. Manuela était faite pour vivre dans les sociétés d’élite qu’offrent les grandes capitales de l’Europe, elle y eut brillé d’un vif éclat ; mais hélas ! la pauvre cousine est réduite à user sa riche organisation au milieu d’un monde dont les petites menées ne vont pas à son caractère. Ses jolies toilettes, qui, dans les brillants salons de Paris, raviraient autour d’elle une foule charmée, sont perdues dans les réunions d’Aréquipa ; et pour les personnes qui les forment, elle pourrait s’épargner autant