Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, II.djvu/15

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de frais ; mais la parure est dans sa nature comme la beauté du plumage dans celle des oiseaux de son pays : née reine, elle brille dans une oasis du désert. D’après le portrait que je viens de tracer de ma cousine, on sera peut-être étonné qu’elle ait choisi pour mari un soldat comme Althaus, dont les manières sympathisent peu avec celles de cette femme si mignonne, si recherchée, si parfumée. Cependant ils font très bon ménage. Manuela aime beaucoup son mari, souffre toutes ses brusqueries sans s’en effrayer le moins du monde, et n’en fait pas moins toutes ses volontés. Althaus, de son côté, aime sa femme et le lui prouve par toutes les attentions qu’il a pour elle ; il la laisse maîtresse absolue, lui achète tout ce qu’il croit pouvoir lui plaire et jouit des parures dont elle embellit sa beauté. L’exemple de ce ménage prouve que les contrastes s’harmonisent quelquefois mieux que les similitudes.

Les premiers jours de l’arrivée de mon oncle se passèrent à causer ; je ne me lassais pas de l’entendre. Il me fit l’histoire de toute notre famille, déplora la fatalité qui l’avait privé de me connaître plus tôt ; enfin, il me parla avec tant de bonté et d’affection, que j’oubliais sa conduite