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et le bonheur habitent sur la terre, c’est dans ces asiles du Seigneur qu’ils résident. Mais, hélas ! ce n’est pas dans les cloîtres que ce besoin de repos qu’éprouve le cœur détrompé des illusions du monde peut être satisfait. Dans l’enceinte de ces immenses monuments, au lieu de cette paix des tombeaux que leur extérieur sombre et froid avait fait supposer, on ne trouve qu’agitations fiévreuses que la règle captive, mais n’étouffe pas ; sourdes, voilées, elles bouillonnent comme la lave dans les flancs du volcan qui la recèle.

Avant même d’avoir pénétré dans l’intérieur d’un seul de ces couvents, chaque fois que je passais devant leurs porches, toujours ouverts, ou le long de leurs grands murs noirs, de trente à quarante pieds d’élévation, mon cœur se serrait ; j’éprouvais, pour les malheureuses victimes ensevelies vivantes dans ces amas de pierres, une compassion si profonde, que mes yeux se remplissaient de larmes. Pendant mon séjour à Aréquipa, j’allais souvent m’asseoir sur le dôme de notre maison ; de cette position, j’aimais à promener ma vue du volcan à la jolie rivière qui coule au bas, et du riant vallon qu’elle arrose sur les deux magnifiques couvents de Santa-Cathalina et de