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une estrade sur les marches de laquelle un grand nombre de religieuses étaient hiérarchiquement placées. L’estrade, couverte d’un tapis en grosse laine blanche, donnait à ce lit l’air d’un trône. Nous restâmes assez longtemps auprès de la vénérable supérieure. Les draps de lit étaient en toile, et une de ses dames de compagnie nous expliqua, à voix basse, que la supérieure était excessivement affligée de se voir contrainte, pas la nature de sa maladie, à enfreindre la règle du saint ordre des carmélites, en remplaçant la laine par de la toile. Après que les bonnes religieuses eurent satisfait leur curiosité sur les affaires du jour, et qu’avec retenue elles m’eurent, en hésitant, adressé quelques questions sur les usages d’Europe, nous nous retirâmes dans les cellules qu’elles nous avaient fait préparer. Je demandai à une des jeunes religieuses qui m’accompagnait si elle pourrait me faire voir la cellule de Dominga.

— « Oui, me répondit-elle ; demain, je vous donnerai la clef pour que vous y entriez ; mais n’en dites rien, car ici cette pauvre Dominga est maudite : nous sommes trois seulement qui osions la plaindre. »

Santa-Rosa est un des plus vastes et des plus