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Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, II.djvu/150

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d’entre elles fait la lecture de quelques passages des livres saints, et toutes couchent dans les dortoirs, qui sont au nombre de trois dans le couvent de Santa-Rosa.

Ces dortoirs sont voûtés, construits en forme d’équerre, et sans aucune fenêtre qui laisse pénétrer le jour. Une lampe sépulcrale, placée dans l’angle, jette à peine assez de lueur pour éclairer l’espace à six pieds autour d’elle, en sorte que les deux côtés du dortoir restent dans une obscurité profonde. L’entrée de ces dortoirs est interdite, non seulement aux personnes étrangères, mais même aux filles de service de la communauté, et si furtivement on s’introduit le soir sous les voûtes sombres et froides de leurs longues salles, aux objets dont on se sent environné, on se croirait descendu aux catacombes, et ces lieux sont tellement lugubres, qu’il est difficile de se défendre d’un mouvement d’effroi. Les tombeaux[1] sont disposés de chaque côté du dortoir, à douze ou quinze pieds de distance les uns des autres ; élevés sur une estrade, ils ressemblent entièrement, par leur forme et l’ordre dans lequel ils sont rangés, aux tom-

  1. On nomme tombeau l’endroit où chaque religieuse se retire pour dormir.