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lait voir comment était fait mon corset. Une religieuse me défaisait les cheveux pour voir comme ils étaient longs ; une autre me levait le pied pour examiner mes brodequins de Paris ; mais ce qui excita surtout leur étonnement, ce fut la découverte de mon pantalon. Ces bonnes filles sont naïves, et il y avait sans doute plus d’indécence dans leurs questions que n’en présentaient mon chapeau, mon peigne et mes vêtements. En un mot, ces dames me tournèrent en tous sens, et en agirent envers moi comme fait un enfant avec la poupée qu’on vient de lui donner.

Je restai, sans nulle exagération, un grand quart d’heure à la porte d’entrée, qui sert de tour, craignant à chaque instant d’être suffoquée par la chaleur dans le peu d’espace que me laissaient ces turbulentes religieuses et la multitude de négresses ou de sambas qui m’entouraient. Mes parentes, qui avaient vu l’embarras de ma position et qui sentaient tout ce que je devais en souffrir, faisaient tous leurs efforts pour tâcher de percer jusqu’au lieu où j’étais, tandis que ma samba, entrée en même temps que moi, criait de toutes ses forces qu’on m’é-