vent, où il avait la permission d’entrer quand il voulait, aime sa fille la religieuse avec une passion toute particulière. Manuelita, qui en mésuse ainsi que le font tous les enfants gâtés, se plaignit à lui du traitement auquel voulait la contraindre le vieux docteur, et se fit beaucoup plus malade qu’elle ne l’était réellement. Don Hurtado, le vieux sage que mon lecteur connaît déjà, a la prétention d’être philosophe, médecin, chimiste et astrologue, et, de plus, est porté d’une grande vénération pour tous les Européens. Il se montra sensiblement affecté de l’état de sa fille chérie et indigné contre le vieux docteur Bagras, qui voulait mettre sa fille à la diète.
— Chère enfant, lui dit-il, je ne veux plus que cet ignorant te prescrive le moindre remède ; je t’amènerai demain un docteur anglais, jeune homme charmant, plein de science, et qui a déjà fait, à vingt-six ans, deux fois le tour du monde ; juge, ma fille, quel médecin cela doit faire. » Le père Hurtado, exact à sa promesse, vint le lendemain au couvent, accompagné d’un élégant et aimable dandy, qui parlait l’espagnol avec un accent très agréable, qu’on était surpris d’entendre de la bouche d’un étranger. Cet infatigable voyageur, dont l’organe avait été as-