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au beau projet qu’elles avaient conçu de faire bâtir dans un coin du jardin une écurie pour y tenir trois chevaux, afin que chacune d’elles pût avoir le sien. Don Hurtado fut même obligé de reprendre sa jument et reçut une verte semonce de la part de l’évêque. Enfin l’aimable docteur anglais fut consigné à la porte du couvent ; mais il s’en dédommagea à la grille du parloir, où il continua de donner de pernicieux conseils aux saintes filles, qui toutes avaient mal aux nerfs depuis que le sévère docteur Bagras les traitait par ordre de l’évêque.

Dès le lendemain de notre arrivée, chacune des trois amies avait laissé voir, en causant, un vif désir d’entendre de nous le récit exact de l’histoire de la pauvre Dominga ; le bruit courait dans le couvent que ces trois dames, depuis l’aventure de Dominga, en méditaient de concert, pour chacune d’elles, une non moins abominable. Rosita était de l’âge de Dominga et lui portait un vif intérêt, l’ayant beaucoup connue lorsque toutes deux n’étaient encore qu’enfants. Ma cousine Althaus, qui ne demandait pas mieux que de raconter cette histoire, pour la vingtième fois peut-être, s’offrit avec gaité à satisfaire la curiosité de ces dames. Il fut con-