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remplir, parce qu’elle voit un terme à sa captivité. Elle changea graduellement de manière d’être avec les religieuses, recherchant les occasions de leur parler, afin de parvenir à connaître à fond chacune d’elles. Dominga tâchait surtout de se lier avec les sœurs portières. Les fonctions de ces sœurs ne durent que deux ans au couvent de Santa-Rosa. À chaque changement, elle s’efforçait, par ses attentions et ses assiduités, de se faire bien venir de la nouvelle portière. Elle se montra très généreuse et très bonne envers la négresse qui lui servait de commissionnaire au dehors du couvent, afin de s’assurer un dévouement sans bornes. La prudente et persévérante jeune fille n’oublia en somme rien de ce qui pouvait faciliter l’exécution de son projet. Huit années s’écoulèrent cependant avant qu’elle pût le réaliser, Hélas ! combien de fois, durant cette longue attente, la malheureuse ne passa-t-elle pas, de la joie délirante qu’éprouve le prisonnier près de quitter son cachot, par un effort de courage et d’adresse, au découragement profond, au désespoir de l’esclave qui, surpris au moment de sa fuite, va retomber sous la main d’un maître cruel ! Il serait trop long de vous