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raconter toutes ses anxiétés, toutes ses alternatives d’espoir et de crainte. Quelquefois, après avoir passé près de deux années à flatter une vieille sœur portière, dure et revêche, au moment où Dominga se croyait sûre de la sympathie et de la discrétion de la vieille, une circonstance lui faisait voir que, si elle avait eu l’imprudence de se confier à cette femme, elle eût été perdue. À cette pensée, Dominga, épouvantée du danger qu’elle venait de courir, frissonnait de terreur ; il se passait alors plusieurs mois sans qu’elle osât faire la moindre tentative. Il arrivait encore qu’au moment de se confier à une portière qui lui paraissait bonne et digne du terrible secret qu’elle avait à lui dire, celle-ci était changée et remplacée par une espèce de cerbère dont la voix seule glaçait la pauvre Dominga. C’est au milieu de ces cruelles anxiétés que vécut, pendant huit ans, la jeune religieuse. On ne conçoit pas comment sa santé put résister à une aussi longue agonie. À la fin, sentant qu’elle était au bout de ses forces, elle se décida et s’ouvrit à une de ses compagnes qu’elle aimait plus que les autres et qui venait d’être nommée portière. Sa confiance se trouva heureusement bien placée, et Do-