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L’esclave alla ensuite se poster au détour de la rue de Santa-Rosa, pour y attendre sa maîtresse.

Dominga était, depuis plusieurs jours, en proie aux plus vives inquiétudes par les obstacles sans cesse renaissants qui entravaient l’exécution de son projet. Elle attendait, dans une anxiété inimaginable, le résultat des dernières démarches qu’on avait dû tenter pour se procurer un cadavre de femme, lorsque son amie portière vint la prévenir que sa négresse en avait introduit un dans le couvent. À cette nouvelle, Dominga tomba à genoux, baisa la terre, puis, portant les yeux sur son Christ, resta longtemps dans cette position, comme abîmée dans un sentiment ineffable d’amour et de reconnaissance.

Le soir, la portière verrouilla la porte sans la fermer à la clef ; ensuite elle alla, selon que la règle l’exigeait, porter la clef à la supérieure et se retira dans son tombeau. Dominga, vers minuit, lorsqu’elle jugea que toutes Les religieuses étaient profondément endormies, sortit de son tombeau, où elle laissa sa petite lanterne sourde, et alla, à l’endroit que lui avait indiqué la portière, prendre le cadavre. C’était une