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taient avec quelle sincérité cette aimable fille compatissait aux souffrances qu’avait éprouvées Dominga pendant ses onze années d’agonie. Quant à la douce Manuelita, elle pleurait et répétait souvent avec une naïve compassion : « Pauvre Dominga ! comme elle a dû souffrir ; mais aussi comme elle est heureuse d’être enfin délivrée ! » Et la gracieuse fille jetait sa tête sur mon épaule avec un mouvement d’enfant, et pleurait.

Nous nous retirâmes, laissant ces dames plongées dans une rêverie que nous ne crûmes pas discret de troubler. Je gagerais bien, dis-je alors à ma cousine, qu’avant deux ans ces trois religieuses ne seront plus ici. — Je le pense comme vous, me répondit-elle, et j’en serais bien contente : ces trois femmes sont trop belles et trop aimables pour vivre dans un couvent.

Le lendemain, nous sortîmes de Santa-Cathalina : nous y avions demeuré six jours, pendant lesquels ces dames mirent tous leurs soins à nous faire passer le temps le plus agréablement possible. Dîners magnifiques, petits goûters délicieux, promenades dans les jardins et dans tous les endroits curieux du couvent ; ces aima-