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fortifications de Nieto ; c’était celle qu’Althaus avait prévu que l’ennemi occuperait. San-Roman disposa ses troupes en lignes fort étendues, dans l’espoir de faire illusion sur leur nombre ; mais on distinguait parfaitement que les rangs n’avaient qu’un à deux hommes de profondeur ; il forma aussi en bataillon carré les soixante-dix-huit hommes qui composaient toute sa cavalerie ; il fit, en un mot, tout ce qu’un habile tacticien pouvait faire pour qu’on lui supposât quatre fois plus de monde. Les ravanas allumèrent une multitude de feux sur le sommet du monticule, étalèrent tout leur matériel avec grand fracas, et firent un tel bruit, que leurs cris s’entendaient du bas de la vallée.

Mais, une fois en présence, les deux armées se craignirent mutuellement, et chacune d’elles fut convaincue de la supériorité de celle qui lui était opposée. Si l’apparence vraiment militaire que San-Roman avait prise aux yeux de Nieto fit craindre à celui-ci que ses élégants Immortels ne fussent pas de force à soutenir le choc des vieux soldats de son adversaire ; de son côté, San-Roman, apercevant la grande supériorité numérique des troupes de Nieto, s’imagina avoir commis une imprudence, et cette préoccupation