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hymnes de victoire, célébrant les funérailles de ceux qu’ils allaient terrasser, anéantir. Vers trois heures, Althaus entra dans la cour à bride abattue ; et, comme il nous vit tous sur le haut de la maison, il m’appela avec l’émotion d’un homme très inquiet. Je descendis, et promis à mon oncle de remonter lui faire part des nouvelles que j’aurais apprises.

— Ah ! cousine, jamais je ne me suis trouvé dans un moment plus critique ; décidément, tous ces gens-là sont fous : figurez-vous que ces misérables sont ivres ; pas un officier n’est en état de donner un ordre, et pas un soldat de charger son fusil. Si San-Roman a un bon espion, nous sommes perdus ; dans deux heures, il sera maître de la ville.

Je remontai et communiquai à mon oncle les funestes pressentiments d’Althaus. — Je m’y attendais, dit mon oncle ; ces hommes sont entièrement incapables ; ils perdront leur cause, et ce ne sera peut-être pas un malheur pour le pays.

La petite armée de San-Roman mit près de deux heures à descendre la montagne, et vint se placer à gauche du volcan, sur le monticule nommé la Pacheta. Cette position dominait les