Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, II.djvu/218

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haut ! descendez, descendez vite, je vous apporte de grandes nouvelles !!! » Les escaliers en échelle, par lesquels on monte sur les maisons, sont loin d’être commodes ; néanmoins, oubliant tout danger, ce fut à qui de nous descendrait le plus vite. Parvenue dans la cour avant les autres, je sautai au cou d’Althaus, et l’embrassai tendrement pour la première fois ; il n’était pas blessé ; mais, grand Dieu ! dans quel état se trouvait-il ? lui, si remarquable par la propreté de ses vêtements, était alors couvert de poussière, de boue et de sang. Ses traits étaient méconnaissables ; ses yeux rouges, gonflés, lui sortaient de la tête ; son nez, ses lèvres étaient enflés ; il avait la peau déchirée, des contusions partout ; les mains noires de poudre, et enfin la voix tellement enrouée, qu’à peine pouvait-on comprendre ses paroles.

— Ah ! cousin, lui dis-je, le cœur navré, je n’avais pas besoin de vous voir dans cet état pour abhorrer la guerre ; d’après tout ce que j’ai vu depuis hier, je ne pense pas qu’il puisse exister de châtiments trop cruels pour ceux qui la font naître.

— Florita, vous aurez bon marché de moi aujourd’hui, je ne peux pas parler ; mais, de