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de cuillers, de chaises, même de lits. Mais si nous souffrions de toutes ces privations, les milliers de malheureux entassés pêle-mêle dans les monastères souffraient bien davantage encore : ils manquaient de vêtements et des choses indispensables à la préparation des aliments ; hommes, femmes, enfants, esclaves, étaient contraints de rester ensemble dans un petit espace ; leur situation était horrible.

Indépendamment de ces souffrances réelles, ce peuple éprouvait une véritable peine morale de ne pas savoir pour lequel des concurrents il devait se prononcer, d’ignorer le nom de celui que le destin offrait à son encens, et de l’infortuné qu’il devait accabler de ses outrages et de ses malédictions. Ne pouvant prévoir lequel des deux chefs, allait l’emporter, il fallait attendre ; et attendre sans pouvoir parler était, pour ce peuple hablador, un supplice cruel.

Vers trois heures, le bruit courut, dans la ville, que tout était arrangé, San-Roman ayant reconnu Orbegoso pour le légitime président, et fraternisé avec ses frères d’Aréquipa ; que son entrée était remise au dimanche suivant, afin qu’il pût, en actions de grâces, entendre la