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Le lendemain, Nieto alla encore voir San-Roman ; il lui fit porter du vin, des jambons et du pain pour sa troupe. On s’attendait à voir publier, à midi, un bando dans lequel le général instruirait l’armée et le peuple du résultat des conférences qu’il avait eues, depuis deux jours, avec l’ennemi. Deux heures après midi se passèrent, et nul bando ne parut. Alors, on commença à crier, à haute voix, contre cet homme, nommé par le peuple, commandant-général du département, qui, depuis trois mois, disposait à son gré de la fortune, de la liberté, de la vie des citoyens, et répondait à une telle confiance en se donnant les airs d’un président, ou plutôt d’un dictateur.

Cette conduite porta à son comble l’exaspération contre Nieto ; une population de trente mille ames, forcée d’abandonner ses occupations, ses habitudes, pour se tapir dans les monastères et les églises, était impatiente de savoir à quoi s’en tenir ; elle ne pouvait endurer davantage la position qu’on lui avait faite. Le petit nombre de personnes restées dans leurs maisons, comme nous avions fait, y étaient de la manière la plus incommode : tout était caché dans les couvents ; on se trouvait privé de linge,