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n’étaient blessés, mais les deux partis avaient perdu beaucoup de monde ; Emmanuel nous apprit que l’intention du général était d’abandonner la ville, à cause de l’impossibilité de la défendre contre l’ennemi ; il était envoyé par Nieto pour enclouer les canons du pont et jeter le reste des munitions dans la rivière.

Il nous rapporta tout cela en cinq minutes, et me dit d’arranger vite les effets d’Althaus, afin qu’il trouvât tout prêt pour sa fuite. Je courus de suite chez Althaus ; avec l’aide de son nègre, que je fus presque obligée de battre pour pouvoir m’en servir, je fis charger une mule d’un lit et d’une malle remplie d’effets. Ma samba, accompagnée d’un autre nègre de mon oncle Pio, conduisit en avant la mule et l’esclave rétif, afin d’éviter à Althaus l’embarras de la sortie de la ville. Ce premier soin rempli, je m’occupai à faire préparer du thé et des aliments, pensant bien que mon pauvre cousin devait éprouver l’impérieux besoin de prendre quelque nourriture. J’entendis un grand bruit de chevaux ; je courus à la porte : c’était le général, suivi de tous ses officiers, traversant la ville au galop ; l’armée venait ensuite ; mon cousin entra. Je lui avais fait apprêter un cheval de re-