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Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, II.djvu/237

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grand désordre régnait dans cet hospice : les employés s’empressaient ; mais, peu habiles dans leurs fonctions, plus ils voulaient se hâter et moins ils faisaient ; ils manquaient des choses les plus nécessaires, comme linge, charpie, etc. Les souffrances de ces militaires blessés étaient augmentées par l’appréhension de l’ennemi ; car le vainqueur, dans ce pays, ne fait ordinairement aucun quartier aux prisonniers et massacre jusqu’aux blessés des hôpitaux. Nous parvînmes à trouver un lit pour ce pauvre Cuello, dans une petite pièce obscure, où il y avait déjà deux autres malheureux, dont les cris étaient déchirants. Je quittai cet antre de douleur, laissant auprès du blessé sa sœur, dont il était tendrement aimé, et qui en eut le plus grand soin. Ma force morale ne m’abandonna pas un seul instant dans cette terrible journée ; toutefois les souffrances que je venais de voir bouleversèrent tout mon être ; je ressentais les maux de ces infortunés, déplorais mon insuffisance à les soulager ; et maudissais l’atroce folie de la guerre. Comme je rentrais chez mon oncle, j’aperçus Emmanuel accourant à toute bride ; nous allâmes tous l’entourer, impatients d’avoir des nouvelles ; Althaus ni aucun des autres officiers