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Mon oncle me pria de descendre, afin d’aller dans l’église de Santo-Domingo, où toutes les personnes de sa maison se rendaient. Je songeais, pour la première fois, que je n’avais pas encore mangé de la journée ; je bus une tasse de chocolat, pris mon manteau et me rendis à l’église.

A chaque moment, on demandait aux personnes en vigie sur les tours si elles voyaient quelque chose du côté de la pacheta ; elles répondaient toujours : absolument rien. Enfin, à sept heures, se présentèrent, à la porte du couvent, trois Indiens ; ils annoncèrent que les ennemis étaient aux chicherias mais que San-Roman ne voulait pas entrer, à moins que les autorités de la ville n’allassent l’en prier. A cette nouvelle, il s’éleva une grande rumeur dans le couvent de Santo-Domingo. Le préfet et toutes les autorités de la ville s’étaient réfugiés dans ce monastère : ils prétendirent que c’était aux révérends pères à faire cette démarche toute pacifique. Les moines, qui ne brillent pas par le courage, se récrièrent fort contre cette proposition ; il y eut une grande discussion. Ce fut, en quelque sorte, moi qui déterminai les moines à se charger de cette mission. Je savais