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qu’ils étaient enragés gamarristes. Je parlai au prieur, à don José, le chapelain de ma tante ; bref, je fis si bien, qu’ils se décidèrent. Quatre ou cinq employés de la mairie se joignirent à eux ; ils partirent, et, une heure après, nous les vîmes revenir à la tête de deux régiments, l’un de cavalerie, l’autre d’infanterie : ainsi les gamarristes l’emportaient. Le samedi, 5 avril, à huit heures du soir, ils prirent possession de la ville d’Aréquipa.

Quand le prieur et les moines furent rentrés au couvent, ils nous rapportèrent tout ce qu’ils avaient appris. — Mes frères, dit le bon prieur, je vous avoue que je ne suis pas sans inquiétude ; vous savez que je comprends assez bien le quichua ; tout ce que j’ai entendu de la conversation de ces Indiens me prouve qu’ils ont de très mauvaises intentions. Ce qu’il y a de plus effrayant, c’est qu’ils sont sans chefs ; je ne puis me l’expliquer. Nous avons trouvé, à la maison de Menao, une soixantaine d’hommes à cheval ayant, à leur tête, un simple porte-drapeau, et environ cent cinquante hommes d’infanterie, commandés par deux sous-officiers. Nous les avons conduits à l’hôtel-de-ville, d’où un des employés les a envoyés aux casernes. Je les ai