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maison. — Mais, depuis quand pille-t-on dans les églises ? et crois-tu… — Je crois tout possible !… D’ailleurs le siècle des couvents est passé ; les soldats de San-Roman viendront piller ici, parce qu’ils savent qu’il y a de l’argent, et l’argent est le seul dieu qu’ils connaissent.

Tous étaient en proie aux plus cruelles inquiétudes ; il se formait des groupes nombreux dans lesquels s’agitaient d’interminables discussions. Les familles se divisaient : les uns voulaient retourner dans leurs maisons, pensant qu’ils y seraient plus en sûreté ; tandis que les autres persistaient à vouloir rester dans le couvent.

Je profitai de l’altercation entre le prieur et le père Diego, pour sortir de ce couvent où j’étais effrayée de me voir condamnée à passer la nuit. Il y avait là presque autant de puces qu’à Islay, et il était par trop dégoûtant de rester au milieu de personnes qui venaient vous parler avec leurs vases de nuit sous le bras[1]. Je m’adressai au moine Mariano, frère du père Cabero, et lui fis entendre qu’il serait plus convenable, après la dispute qui venait d’avoir lieu, que lui et son

  1. J’ai déjà dit que ces vases sont en argent.