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man vit ses soldats à la débandade, il crut la bataille perdue, et pensa qu’il ne lui restait rien de mieux à faire que de fuir aussi ; accompagné de quelques uns des siens, il s’éloigna de toute la vitesse de son cheval. Ainsi chacun de ces deux valeureux champions, épouvantés l’un de l’autre, s’enfuyait de son côté ; ils coururent sans s’arrêter pendant un jour et une nuit, mettant entre eux un espace de quatre-vingts lieues. La terreur de Nieto le fit aller jusqu’à Islay, à quarante lieues au sud ; celle de San-Roman jusqu’à Vilque, à quarante-deux lieues au nord. Un miracle rallia une partie des soldats de San-Roman, et les fit revenir sur Aréquipa. Un des officiers de cette armée, que Nieto avait retenu prisonnier à l’hôtel-de-ville, vit de dessus la maison la déroute des Aréquipéniens ; il profita de l’effroi du moment, monta sur le premier cheval qu’il trouva dans la cour de l’hôtel-de-ville, il connaissait très bien les localités, et prit un chemin de traverse par lequel, dans une heure, il arriva à Cangallo. Il cria aux fuyards de s’arrêter ; que Nieto, se tenant pour battu, avait abandonné la ville, et fuyait vers le port. Escudero et quelques autres qu’il rencontra passèrent toute la nuit et une partie du lendemain à