Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, II.djvu/257

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
253

réunir quelques soldats, ils parvinrent à rallier à peu près le tiers de leur monde, et, sûrs de n’éprouver aucune opposition, se portèrent sur Aréquipa. Sans cet officier, les deux armées, qui se croyaient vaincues, continuaient de fuir dans des directions opposées, et la ville n’eût vu paraître ni défenseurs ni ennemis.

Lorsqu’Escudero me contait toutes ces circonstances, je songeais à Althaus, pour qui la science militaire est l’arbitre suprême des succès et des revers ; et je regrettais de ne pouvoir lui faire sentir, par cet exemple, combien l’homme et la science sont vains.

On fut obligé de courir jusqu’à Vilque, pour avertir San-Roman qu’il avait gagné la bataille ; il n’entra à Aréquipa que le septième jour ; on le disait blessé à la cuisse, afin de motiver ce retard, mais il n’en était rien.

Mon oncle, qui a le talent d’être bien avec tous les partis, était sinon dans la confiance des gamarristes, du moins très lié avec eux. Nous avions, chaque jour, de ces messieurs à dîner ; et, le matin, le soir, notre maison ne désemplissait pas. Je voyais avec surprise, en causant avec les officiels de cette armée, combien ils étaient