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tamment traverser mes plans de bonheur public ; et, dévoué à son service, je me vois contraint sans cesse d’agir en opposition avec ma volonté.

— J’avais ouï dire que vous aviez beaucoup d’ascendant sur cette dame.

— Plus qu’aucun autre, sans doute, mais très peu en réalité. Quand, à force de peines et de patience, je parviens à modifier ses idées, c’est un succès dont je m’estime heureux. Cette femme a une volonté de fer, que l’adversité même ne saurait dompter. Toute résistance l’irrite, et elle est toujours disposée à en triompher par la force. Elle eût été une grande reine dans un pays où ses volontés n’auraient rencontré aucun obstacle ; mais dans celui-ci où, pour régner, il faut avoir de nombreux partisans, où, pour conserver l’autorité, il ne faut en user que le moins possible, la señora Pencha de Gamarra ne convient pas aussi bien. On ne peut lui faire comprendre que les moyens employés pour conquérir le pouvoir doivent être laissés de côté lorsqu’on l’a obtenu, et qu’avec l’anarchie d’opinions et l’égoïsme qui règnent parmi les Péruviens, après les spoliations dont ils ont été victimes, il faut avoir pour objet spécial la pro-